En prenant le métro, je suis tombé sur une affiche vantant les produits d’alimentation locaux. Cette affiche fait partie d’une campagne menée par Bruxelles-Environnement et récompensée en 2011 par le monde de la presse magazine.
Ce qui me préoccupe, c’est la phrase sous la fraise à lunettes. Elle dit ceci : “Voilà l’été. Devinez qui ramène sa fraise.” Je me demande s’il n’y a pas ici un problème de logique.
Dans l’excellent bouquin de Jacques Mercier “Le Français tel qu’il se parle en Belgique (2000 – éditions La Renaissance du livre), je lis ceci en page 222 : “… Céline utilisait “ramener sa cerise” pour “ramener sa fraise”, dans le même sens de protester, de grogner.” Ce n’est certainement pas le sens à utiliser dans ce message commercial. Oui mais il y a un autre sens populaire à cette expression fruitée : intervenir dans une discussion de manière importune ou encore : arriver à l’improviste.
Même pour le dernier sens cité, il me semble qu’il y a contradiction avec le fait que la fraise est, fort logiquement, présente en été. Qu’en pensez-vous ?
Ce sont peut-être des discussions de queue de cerise, mais je retiens en tant que copywriter qu’il faut se méfier de l’utilisation d’expressions pouvant donner lieu à différentes interprétations.
L’utilisation erronée d’une expression, répétée et renforcée notamment par la presse, peut conduire à nous faire douter du sens correct.
Je prends deux exemples qui me viennent à l’esprit après lecture du magnifique livre Oxymore mon amour de Jean-Louis Chiflet (que je chroniquerai plus tard) :
- “pratiquer des coupes sombres” : un vrai trompe-sens (terme créé par Patrice Louis). Cela signifie en réalité couper si peu d’arbres dans la forêt que cela ne se voit pas. Quand on parle de suppressions massives, par exemple en matière d’emplois, il faudrait parler de coupes claires !
- “être dans l’oeil du cyclone”, ensuite : combien de fois n’a-t-on pas mis quelqu’un en son centre pour figurer qu’il est dans une situation très délicate alors que cet oeil est, au contraire, l’endroit le plus calme de ce phénomène climatique ravageur ?
Je pense aussi au masque à gaz, magnifique trompe-sens lui aussi. Il faut dire “masque anti-gaz”. Vous en connaissez certainement d’autres expression de ce type, n’est-ce pas ?
Sortons couverts, protégés par notre dictionnaire !
Ah mais tu peux ajouter le grand classique des classiques : “Faire long feu” !
mmmmouais, cette expression est très imagée mais est, je pense, tout de même toujours utilisée correctement. Par contre tu confirmes certainement le ‘masque à gaz’ n’est-ce pas Paul ? 🙂
Haha, le “masque à gaz” : c’est du vécu.
Par contre je trouve que “faire long feu” est au contraire très mal utilisé puisque la plupart des gens, voire même des journalistes, disent “ne fera pas long feu”…
Au temps pour moi http://www.deslaure.com/blog/index.php?2005/03/06/96-ne-pas-faire-long-feu Même le sieur Gainsbarre s’est planté sur ce coup-là http://www.youtube.com/watch?v=73STisPpj2E