Quelqu’un : « Vraiment ? Méditer en pleine conscience pour guérir d’un burn-out ? » Moi : « Cela marche, si vous pratiquez comme moi tous les jours de votre vie. »
Avertissement : ce long article sur la méditation va évoluer. Revenez le relire et, surtout, pratiquez la méditation pour commencer pendant un mois, tous les jours.
Méditation dans un endroit inédit
Qui aime les longs voyages en avion ? Peu de monde, à mon avis. J’ai lu un jour, dans un des livres sur la méditation qui n’encombrent pas ma bibliothèque : « il s’agit d’être réellement attentif à chaque aspect du repas en engageant tous les sens et en notant ce qu’on découvre moment après moment. »
Me voici donc confiné (article écrit pendant la crise du coronavirus) dans un long-courrier. Le plateau-repas arrive. Sauf à prendre vos tickets en première classe, vous ressentez ma réaction à l’époque devant ces plats à l’allure délicieuse et à l’odeur alléchante.
Me voici donc, avec une lenteur extrême et inédite chez moi (surtout quand je mange), occupé à découvrir l’ensemble du plateau-repas. Les petits pots, le couvercle, les sachets, les couverts, les plats en eux-mêmes. Voir, sentir (sniff), écouter (krr), toucher (glips) et enfin goûter (petit hmm).
Le morceau de viande arrive dans ma bouche. Chaleur, texture, salinité… Testez chez vous, avec n’importe quel aliment, sans attendre le prochain vol.
Pendant tout ce temps, je n’étais ni dans le passé ni dans le futur, je ne ruminais rien, je ne pensais à rien, je profitais du moment.
De l’instant présent. BOUM, le mot est lâché.
Les raisins de méditer
En réalité, manger en pleine conscience est un des premiers exercices que j’ai appris. Je médite depuis cinq ans, tous les jours. Entre 3 et 30 min. C’est possible. Gai. Puissant. Bénéfique.
Avril 2015. Je me retrouve dans une salle, avec 50 autres personnes, un tout petit objet dans ma main. C’est un raisin sec.
Je démarre un stage de huit matinées de mercredis et un dimanche complet quasi sans parler. Aux manettes, l’ASBL Émergences (voir plus bas) et ses exercices à réaliser tous les jours, à la maison.
Méditer, c’est faire un tour du côté de chez soi (Jean-Sébastien Proust) — Philippe Schoepen ?✍️ ? (@dkp_copywriting) May 21, 2015
C’est ma psy qui m’a incité à participer. Comme accompagnement pour me sortir de mon burn-out en 2015.
Parce que, pour rester dans l’univers aérien, bibi a explosé en plein vol en mars 2015.
Parce que je me suis tué au travail, parce que je me suis perdu dans le temps, considéré comme un ennemi alors que c’est un de nos meilleurs alliés, si l’on sait s’y prendre.
L’instant présent
Parce que moi, je souffrais aussi d’un énorme problème. Tout accepter, tout faire pour plaire, tout accomplir, vite et bien, pour les autres.
Selon moi, avant (beaucoup moins maintenant), tout – le pire comme le meilleur – allait arriver DEMAIN.
Et puis ce passé encombrant, les regrets et les remords, les « ah si… », le futur si proche et angoissant. Et le présent là-dedans ?
J’avais déjà, inconsciemment (hu hu), perçu l’intérêt de cette pratique pour arriver à me libérer, en douceur, de mes idées noires.
Janvier 2012, plage d’Agadir. En pleine lecture du “Pouvoir du moment présent” d’Eckhart Tolle, je me mets à ressentir tout ce qui se passe autour de moi et en moi. Cette douce sensation de froid sur mon corps (21 degrés max.), les bruits des passants, le soleil timide, presque les micros picotements de mon pied droit que je me surprends à contempler. Ce fut mon premier moment de ressenti du présent.
Huit semaines à méditer, pour m’occuper “deux mois”
Trois ans plus tard, je passerai des heures dans cette salle d’Ixelles à découvrir cette pratique, en compagnie de gens comme moi, en détresse. De jeunes mamans, des employés en burn-out, en rémission d’un cancer, des personnes déboussolées.
La boussole, c’est ressentir, sans agir. C’est laisser venir librement les pensées, les accueillir pour ce qu’elles sont : des pensées. Ne pas les laisser nous aspirer. En lieu et place et si possible, simplement :
Respirer.
Inspirer.
Expirer.
Chaque participant est amené à expliquer comment il a vécu telle ou telle méditation, ou comment s’est passée sa journée. Parfois, le formateur recadre : « que ressentez-vous ? » et non : « comment expliquez-vous ce qui se passe en vous ? »
La méditation de pleine conscience : une pratique, pas une religion
Ce n’est qu’une pratique. Des exercices à faire, quand on peut. Il ne s’agit pas de réussir quoi que ce soit, il faut simplement… s’exercer… ressentir et lâcher prise, enfin.
Le pape (hu hu), plutôt le papa de la méditation de pleine conscience, c’est le Dr Jon Kabat-zinn, qui a découvert que la méditation, historiquement issue du bouddhisme, était très utile pour gérer le stress, l’anxiété et la douleur.
Ce que j’aime dans cette pratique, c’est la gamme d’exercices disponibles. À côté de la théorie, il y a tant à expérimenter, chez soi et en soi :
- la méditation intérieure, partout et à tout moment. Brève et efficace, à terme ;
- le body scan : entre trente à quarante-cinq minutes, passez votre corps en revue, insufflez-y du souffle. Si vous vous endormez, c’est normal ;
- la méditation en marchant : je l’adore, celle-là. Bouger, juste pour soi. Car ce n’est pas évident pour moi, cinq ans après, de rester immobile sur une chaise.
Méditer : se sauver sans bouger. @__Mediter__ — Philippe Schoepen ?✍️ ? (@dkp_copywriting) May 6, 2017
La méditation et ses bienfaits sur moi
Après cinq années de pratique, je citerai trois verbes :
- accueillir : qui je suis, faiblesses, travers, angoisse : bienveillance avec moi-même. Accepter de vivre des jours avec et des jours sans, pour plus de sens…
- ressentir : un soir, ma benjamine descend dans le salon. Elle venait de commettre une bêtise. Je me suis mis en colère. Mon épouse m’a alors dit : « pourquoi te mets-tu en colère ? » J’ai alors réalisé : « tiens oui, je suis en colère ». Mon émotion a fait « pschiitt ». À d’autres moments, j’ai vécu d’autres émotions, bien sûr, comme des colères, tout en étant « dedans ». Intéressant.
- apaiser : il m’arrive, comme à vous tous, d’apprendre de mauvaises nouvelles. Dans ma tête, que se passe-t-il alors ? Une tourmente. Mentale et physique. Comme une prison qui veut sortir de mon corps. Dans ces cas, j’ai toujours une technique de 4 minutes sous la main. Faites le test de la météo intérieure par temps couvert.
Par ailleurs, les effets sont bénéfiques pour mon sommeil. J’ai essayé la relaxation, le yoga, les somnifères. Tous ces artifices dorment dans ma poubelle.
Tout est proposition et douceur. Cela me convient parfaitement. C’est sur le long terme que vous allez constater l’efficacité de cette technique.
À vous de méditer
J’apprécie Christophe André. Son humilité, sa bienveillance, la puissance de sa technique et enfin sa voix.
Il parle du souffle, de la respiration (clé dans cette pratique), du corps, des pensées qui passent.
Il nous demande de ressentir, de prendre notre temps, de vivre les sensations, confortables ou non. Essayez, maintenant. Vous avez votre temps.
Ce psychiatre est un des ténors de la méditation de pleine conscience et un ami de Matthieu Ricard, moine et interprète officiel du dalaï-lama.
Ce dernier, doctorat en génétique cellulaire, se prête volontiers à des tests scientifiques pour tenter de prouver que la pratique peut rendre notre cerveau plus malléable.
Sentez-vous la présence de la vie en vous, dans votre souffle, dans votre corps, dans le mouvement incessant de vos pensées… Vous êtes en vie, et quoi qu’il arrive, c’est quand même intéressant, passionnant et souvent réjouissant, non ? (Christophe André)
Pour méditer plus loin
- Dr Jon Kabat-Zinn et son livre “Au coeur de la tourmente, la pleine conscience”, chez J’ai Lu collection Bien-être. Fondateur, fonda-mental.
- ASBL Émergences : des ateliers, des conférences (je ne suis pas fan des grand-messes, mais ils invitent des pointures en méditation), des retraites, l’aide à obtenir et à apporter aux autres. Aussi sur Facebook.
- Méditer au boulot. Oui, pourquoi pas. Faites-le pour vous. Pas pour la productivité de votre entreprise. Ou son bonheur. Ou son bien-être. Méditez pour votre bien-être.
- Au travail avec Ilios Kotsou et ses podcasts !
Prenez soin de vous. Si je vous demande souvent dans cet article de tester la méditation de pleine conscience, c’est parce que je vous aime.
En plus de favoriser l’évacuation du stress, la méditation serait également un bon moyen de lutter contre certaines maladies ⤵ https ://t.co/gB4c817ABX pic.twitter.com/E8vy0Hnfmr
— ARTE (@ARTEfr) October 29, 2020
Article interrompu en douceur par une méditation et un repas en pleine conscience
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Eh bien… On peut dire que cet article arrive au bon moment puisque j’ai justement repris la méditation il y a quelque jour ! ?
Avec cet article, tu m’as d’ailleurs rappelé combien méditer a pu me faire du bien à des moments où le stress, la déprime ou autre aurait pu l’emporter. Et, pour ceux qui ne connaisse pas du tout du tout, tu expliques parfaitement la méditation et donne vraiment envie de s’y mettre ! ??
Aussi, cette description que tu nous livres de ton premier moment présent est parfaite. Tu sais choisir tes mots !
Merci encore pour cet article, plaisant du début à la fin. ??
Merci Mina ! Et à présent, au travail 🙂
Je partage chaque mot… et chaque expérience… que tu relates, à quelques détails près. J’ai explosé en plein vol en novembre 2019, c’est plus récent et c’est d’initiative et pas sur les conseils de ma psy (mais avec son total soutien) que je me suis orienté vers la méditation de plein conscience ou “mindfulness” pour les intimes, avec également un cycle suivi, avec une excellente instructrice installée à Paris, Soizic Michelot. Confinement oblige, ce fut par Zoom… ce qui fut une chance pour moi car sans cela, je me voyais mal faire 3h30 de route à chaque fois (par trajet !).
Je précise qu’historiquement, j’étais peu réceptif à ces techniques un peu obscures, mystiques, parallèles, bref tous les préjugés qu’on peut avoir sans connaître. C’est en partie pour cela que je me suis orienté vers la mindfulness, qui est une méditation laïque, avec un “papa” issu du monde scientifique. Précisons d’ailleurs qu’il n’est nullement nécessaire d’avoir un coussin de méditation, un sarouel et de l’encens pour méditer: une simple chaise peut faire l’affaire et avec le temps, on peut même le faire en marchant. La marche méditative ou marche consciente ou encore la marche afghane (si on veut plus de rythme) ont été et sont toujours des outils précieux pour moi. Je confesse que je ne mange pas toujours en pleine conscience, ayant cette mauvaise habitude de manger très vite, voire de continuer à travailler en mangeant.
Au niveau des lectures, outre les très bons conseils que tu donnes, je citerais aussi Thich Nhat Hanh, écrivain prolifique, avec ces dernières années des livres sur un thème précis, par exemple communiquer en pleine conscience, marcher en pleine conscience, etc. Des livres agréables et faciles à lire… écrit par un moine bouddhiste. Oh? Ne venais-je pas d’écrire que je cherchais avant tout une approche laïque? En effet, ce fut ma porte d’entrée dans la méditation (de pleine conscience donc) mais j’ai aussi appris grâce à elle à être en paix avec un vieux conflit ou préjugé que je pouvais avoir sur les religions, bloquant par principe dès qu’un bonne qui paraissait bonne était émise par un religieux. Grâce à tout ce travail, j’ai appris à faire la différence entre religion et spiritualité, et à accepter ce qui est bon pour moi sans pour autant me sentir obligé de prendre tout ce qui l’entoure. Oui, on peut lire (et apprécier) un auteur bouddhiste sans devenir bouddhiste (idem avec d’autres “obédiences”).
Je terminerai en citant un dernier livre, “La méditation anti-burnout”, particulièrement utile pour les personnes découvrant la méditation suite à un burn-out, et en citant une application pour smartphone (il en existe d’autres): Insight Timer. Sa version gratuite offre des milliers de méditations guidées, qu’on peut filtrer (par thème, avec ou sans musique de fond, voix masculine ou féminine, contenu religieux ou non,…). Un très bon support pour débuter et pratiquer où que l’on soit, même 5 minutes pendant le temps de midi, sur sa chaise.
“dès qu’une idée paraissait bonne”… pfff quand on écrit sans se relire 🙂
Merci Benoît pour ton témoignage !